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Le Canada envoie d’autre matériel militaire à l’Ukraine

Le Canada envoie d’autre matériel militaire à l’Ukraine

La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, a profité mercredi de son passage à la rencontre du Groupe consultatif sur la défense de l’Ukraine à Bruxelles, en Belgique, pour annoncer une aide militaire canadienne d’une valeur de plus de 47 millions, qui provient d’une enveloppe de 500 millions prévue au dernier budget.

Le gouvernement canadien puise dans les stocks existants des Forces armées canadiennes (FAC) pour faire parvenir à Kyiv 15,2 millions en équipement, y compris des obus 155 mm conformes aux standards de l’OTAN ainsi que des mèches et des gargousses compatibles avec des obusiers M777 déjà fournis à l’Ukraine.

S’y ajouteront des caméras spécialisées supplémentaires pour drones, d’une valeur de 15,3 millions.

Et puisque l’hiver approche, on enverra aux troupes ukrainiennes 400 000 articles d’hiver d’une valeur totale de 15 millions. Il est ici question de manteaux, pantalons, bottes, gants et parkas provenant d’entreprises canadiennes par l’entremise de la Corporation commerciale canadienne.

Tout ce matériel arrivera « dans les prochaines semaines », a indiqué la ministre au micro des médias réunis au siège de l’OTAN, dans la capitale belge.

Demande de « bouclier aérien »

À la lumière des bombardements meurtriers qui ont notamment frappé la capitale ukrainienne lundi matin, le président Volodymyr Zelensky avait prié ses homologues du G7 de l’aider à créer un « bouclier aérien » – un peu comme le « Dôme de fer » d’Israël, par exemple – au-dessus du ciel de l’Ukraine.

Si le Canada n’accède pas à cette demande, c’est parce qu’il ne peut pas, tout simplement. « On n’en a pas », tranche Justin Massie, professeur titulaire de science politique à l’Université du Québec à Montréal et co-directeur du Réseau d’analyse stratégique (RAS).

On pourrait, en revanche, « aller s’en procurer sur le marché international pour pouvoir ensuite les acheminer aux Ukrainiens », ou « mutualiser cette demande avec de plus petits pays européens », avance le spécialiste en défense nationale.

Mais Ottawa semble manquer de « créativité » ou « d’initiative » pour accélérer de tels processus, estime le professeur Massie.

Le gouvernement Trudeau bombe le torse publiquement sur la question ukrainienne, mais son soutien militaire n’est « pas à la hauteur », croit M. Massie.

« On est encore dans la tranche de 500 millions annoncés il y a plusieurs mois. On ne l’a pas encore dépensée au complet », illustre le professeur Massie.

Moscou sermonne Ottawa

Le ministère russe des Affaires étrangères avait exhorté mardi le gouvernement canadien à cesser de livrer des armes et d’offrir de la formation à l’armée ukrainienne, arguant que cela entravait une éventuelle solution diplomatique au conflit militaire.

La porte-parole Maria Zakharova a soutenu que la relation canado-russe traversait « une crise profonde » qui est attribuable à « la voie antirusse qu’elle suit depuis longtemps, à la demande du régime Trudeau ». Elle a aussi accusé les autorités canadiennes d’échouer à assurer la sécurité des diplomates russes sur le sol canadien.

La représentante du Kremlin faisait référence à un incident allégué qui serait survenu en septembre dernier à l’ambassade d’Ottawa. Un individu aurait lancé par-dessus la clôture des installations un cocktail Molotov qui n’a pas explosé, selon une captation vidéo que La Presse n’a pas été en mesure d’authentifier.

PHOTO ÉTIENNE RANGER, ARCHIVES LE DROIT

L’ambassadeur de Moscou à Ottawa, Oleg Stepanov, en janvier dernier

L’envoyé du président russe Vladimir Poutine au Canada, Oleg Stepanov, aurait, lui, fait l’objet de « 70 ou 80 menaces » depuis le début de l’invasion en Ukraine, en février dernier, a-t-on affirmé mercredi du côté de la mission diplomatique russe au Canada.

Chez Affaires mondiales Canada, on assure que les obligations de protection des missions étrangères en vertu de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques sont « prises au sérieux », écrit une porte-parole du Ministère, Patricia Skinner.

Pas de commentaire, cependant, sur « les postures de sécurité adoptées par la police canadienne à l’égard de missions diplomatiques spécifiques » comme celle de la Russie, poursuit-elle. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) n’avait pas fourni de détails additionnels à ce sujet, mercredi soir.

Le consulat de Russie à Montréal

Le gouvernement Trudeau, par la bouche de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, maintient qu’il serait malavisé d’expulser les diplomates russes du Canada. On veut garder du personnel diplomatique sur le sol canadien.

À l’est de la rivière des Outaouais, J. Serge Sasseville, conseiller municipal de Montréal, se pointe quotidiennement devant le consulat de Russie pour y faire résonner l’hymne national ukrainien. Il aimerait au minimum que le gouvernement fédéral chasse le personnel russe de la métropole.

« Si c’était de moi, je les expulserais tous », lance-t-il.

Avec La Presse Canadienne


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